Affaire Dany Leprince : Indigestion judiciaire...

Publié le par news-affaire-dany-leprince.over-blog.fr

Par Roland Agret

 

En sortant de cette salle de la Cour de Cassation aux lambris fatigués, qui se veut pourtant majestueuse, je n’ai pas pu m’empêcher de songer à Mallarmé qui, à propos des sinistres tribunaux de Valence, écrivait « que certains magistrats peuvent se comporter comme de redoutables malfaiteurs ».

Il visait ainsi les sinistres Fermiers Généraux qui pendaient et rouaient à tout va les « marcandiers », dont le plus célèbre fut Louis Mandrin…

 

 

Sur la forme, ces temps sont révolus, mais sur le fond ?

A l’énoncé de l’arrêt de la Chambre Criminelle aussi brutal que bestial, parfaitement incompréhensible, qui tuait sans coup férir « l’affaire Leprince », j’ai fait à nouveau le constat qu’avec le temps, on a juste huilé les rouages de la terrifiante machine.

Juste pour qu’elle grince un peu moins mais tue aussi efficacement.

 

J’ai eu envie de hurler à la forfaiture à en assourdir les hommes en robes noires.

Mais ce n’était plus à moi à le faire.

 

 

Comment comprendre l’extrême d’une décision rendue le 17 mars et celle du 6 avril 2011 ? A plus forte raison qu’elles émanent toutes les deux de hautes juridictions sises prés la Cour de Cassation ? D’une porte à l’autre, on passe du plein été à un hiver rigoureux…

 

J’ai aussi pensé avec horreur que, si une peine de mort avait été en leur pouvoir, Leprince aurait peut-être été pendu haut et court sur le champ, aux abords de la funeste petite place, jouxtant la Chapelle Sixtine.

 

C’est la loi des tout puissants et Seigneurs des Codes.

En ce sens rien ne change, seul les masques évoluent à peine.

 

 

Ce qui me semble encore plus épouvantable, c’est l’état d’esprit et avec quelle consistance morale ces 13 juges ont pu détruire l’arrêt de la Commission des Révisons pourtant étayé sur des éléments qui, dans leur addition et motivations constituaient un élément nouveau incontestable.

D’où l’absolue nécessité d’un renvoi aux Assises.

Ne serait-ce que pour une élémentaire décence judiciaire.

 

Pourtant, ils ont fait l’impensable. Avec mépris, arrogance et folle cruauté sous la houlette d’un Président réputé civiliste.

Une affaire aussi grave ne méritait-elle pas une séance plénière avec ses 30 magistrats ayant à leur tête un solide pénaliste ?

Où est le saucisson ? Dans quel but inavoué ? Peut-être inavouable…

 

 

Et c’est ce qui est fort inquiétant : Qui peut aujourd’hui affirmer « qu’il a confiance en la Justice de son pays » sans faire rire ou pleurer de dépit ?

 

 

A cet instant, l’histoire est totalement anesthésiée. Consternant.

 

Et pourtant, sauf un énorme crétin bouffi d’un orgueil qui n’a d’égal que ses incontinences morales, tout le monde s’accordait à dire qu’un nouveau procès était inévitable, compte tenu des conclusions de la Commission des révisions et des demandes soulevées par le courageux Avocat Général Claude Mathon.

 

En fait, ce dernier s’avère comme l’allié qui peut être le plus efficace pour Leprince et la mémoire des victimes que nous défendons.

Il intente une action auprès de Chancellerie afin de viser une réouverture d’enquête…

Ce qui serait certainement déterminant.

 

 

De fait, certains qui sont sortis précipitamment de leur bois silencieux pour se répandre en mièvreries dans la presse, devraient peut-être se voir dans l’obligation de reconsidérer leur stratégie précipitée…

Parce que si la nouvelle demande d’engager l’action publique fonctionne…La foudre risque de tournoyer encore du côté du Mans.

Brusquement, Céline Brunetière n’avait ni le langage ni le visage qu’elle affichait lors du dernier documentaire de Bernard Nicolas. Quant à Martine Leprince, elle se requinque peut-être un peu trop vite à mon avis.

Elles oublient seulement les constatations terribles de la Commission des Révisions qui feront taches…

Et si nouvelle enquête il y a…

 

 

Mais cette procédure ne pourrait permettre qu’un nouveau recours par devant la Commission des révisions…

Une rebelote en grande longueur et un autre parcours du combattant…

 

Mais à défaut, c’est ce que nous souhaitons vivement pour la mémoire des massacrés et des morts par dégâts collatéraux, car c’est l’ultime chance de voir ce procès révisé, avec la vérité en ligne de mire…

 

 

Reste que cet Avocat Général est un homme de conscience et de conviction.

Il a également les couilles qui vont avec, parce que la parole sans les actes, c’est de la bibine littéraire à siroter au comptoir du café du commerce.

Manière d’éponger à bon compte les bonnes consciences…

 

 

Avec les magistrats de la Commission des Révisions, il est a extraire de cette scélérate gabegie judiciaire.

Si tous les hommes de Justice avaient leur hygiène morale et leur faculté d’indignation, nous nous ferions un peu chier à aller à la pêche tous les jours…

 

 

Et en parlant de pêche, le bateau laissé en parfait état de floraison il y a presque 3 ans, date des « défections massives », n’est plus qu’une épave échouée…

 

Mais il faut dire que l’on a fait tout ce qui fallait pour saborder et non pour aborder ce rendez-vous crucial par devant la Chambre Criminelle.

 

A plat ventre, on se fait marcher dessus…

 

 

Ne serait-ce que par la pénible expérience à tirer de l’affaire Seznec, on connaît les réticences de cette Chambre Criminelle, même lorsque la Commission des révisions est largement favorable.

 

Je pense qu’il ne fallait pas baisser le pavillon.

 

Par exemple, inciter la famille Papillon à se porter partie civile aux côtés de Solène. De même pour Robert et Alain, père et frère de Leprince.

L’Avocat Général s’est d’ailleurs étonné de ces absences.

Trois plaidoiries supplémentaires pour réclamer la révision du procès, cela tonnait un peu plus dans le prétoire !

 

Et si quelques comédiens, écrivains, élus, journalistes etc…s’étaient présentés aux audiences en observateurs et en soutien, je pense que le « travail de sape » aurait été fortement contrarié, même si l’on ne peut préjuger du résultat.

 

Ce qui n’était pas le plus difficile à mettre en place.

 

 

Mais le bilan est là.

On hurle contre les loups lorsqu’ils ont croqué le mouton…

 

 

On pense à faire reconsidérer la période de sûreté de 22 ans assortie au perpète de Leprince…

C’est bien, sauf qu’en 2007, Maître Claude Llorente voulait déjà entamer cette démarche. Il souhaitait également monter un dossier pour la Cour Européenne.

Il intervenait contre pas un radis, mais comme il était remuant, il s’est fait virer comme un malpropre…

 

Que de temps aurait été gagné !

 

 

On pense à une grâce présidentielle. Je veux bien, sauf que je ne vois pas Sarko, dans un contexte du "tout répressif", désavouer la Chambre Criminelle en élargissant celui qui en fait a été condamné 2 fois.

 

 

Lorsque l’on a emmené Leprince avec ses menottes, j’ai tout de suite pensé qu’il allait manger quelques barreaux en arrivant à la Santé…

 

Mais non, la prison a retrouvé son détenu modèle qui attend ses timbres avec « humour et courage »…

 

 

Se rend t-il compte que le bel édifice est laminé, jusque dans ses fondations ?

Et que pour le reconstruire le défi est titanesque dans les actes comme dans le temps ?

 

Ça peut filocher Martine, assaillir Marion, pétitionner par tonnes, marcher à en user mille et une galoches…Bonjour et bon courage.

 

 

Je ne sais pas ce qu’en pensent mes amis du Groupe Renée Leprince et de l’Association pour les victimes, mais personnellement, devant cette débâcle qui n’est pas de notre fait mais que nous subissons par contre coup, je me dis que si je n’éprouve pas le moindre regret pour tout ce que nous avons fait, j’éprouve paradoxalement le remord d’avoir sacrifié des années à me battre pour des gens qui, au final, on mit le paquet pour en arriver là.

 

 

Passée cette indigestion judiciaire, j’ai eu le petit père Robert au téléphone. Il est out. Alain m’a téléphoné, il est groggy.

 

Mais ils n’ont pas envie d’être eux aussi condamnés à perpète…

 

 

Aujourd’hui, les hyènes plastronnent et se manifestent. Certains médias reparlent "du boucher de la Sarthe", d’autres font tartines bien grasses sur la "culpabilité" de Leprince. Une femme pourtant inscrite "aux amis de Dany" jure sur les ondes "qu’il est bien là où il est parce qu’il est coupable"…

 

 

L’incendie se propage et avec le temps il peut faire des ravages irréversibles si un contre feu n’est pas immédiatement mis en fonction.

 

Mais qui va prendre la lance ?

 

 

Je revois ce cimetière de Connéré avec ces tombes insoutenables de Christian, Brigitte, Sandra et Audrey. Quatre vies figées sur une seule date.

Juste à côté, à un an près, celle de André Papillon, mort de chagrin.

Et puis, à Dolon, cernée dans la verdure, la sépulture de Renée Leprince. Morte d’en avoir trop subi.

 

 

Cette mère courage qu’avec les autres victimes, l’indignité judiciaire tue à présent pour la seconde fois.

 

 

Épilogue combien dramatique de ce qui fut pour nous, l’affaire Leprince.

 

 

 

 

 

 

 

 

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